Gel printanier.

Dégâts de gel printanier sur le vignoble français.
S’il n’y a pas encore d’estimations, les pertes s’annoncent sévères. En témoigne l’ampleur géographique de ces gelées, touchant les vignes d’Alsace, Champagne, Chablis, Jura, Languedoc, Val de Loire, Sud-Ouest…


« Et il reste encore au moins une nuit de gel à passer… » peut-on entendre soupirer dans l’Hexagone viticole, touché dans ses grandes largeurs par une série de réveils entre -6 et -2 °C. N’atteignant pas (encore) le niveau de la gelée noire de 1991, cet épisode de gel est déjà sévère, amplifié par un débourrement précoce dans les vignes françaises (avec des avances phénologiques de 10 à 15 jours).

Actuellement, l’heure est aux premiers bilans, comme dans le Languedoc où des dégâts sont rapportés dans de nombreux fonds de vallée et bas de coteaux. Que ce soit du Minervois, du bas Saint-Chinianais, et dans les zones de Pézenas et Montpellier témoigne Laurent Goudron, le responsable du service viticole à la Chambre d’Agriculture de l’Hérault. En Champagne, « il est encore trop tôt pour estimer les pertes. D’autant plus qu’une deuxième salve est annoncée pour la semaine prochaine et que toutes les zones ne sont pas identiquement sensibles » désamorce Maxime Toubart, le président du Syndicat Général des Vignerons. S’il conseille de ne pas céder à l’affolement, il reconnaît que l’épisode « rappelle les années les plus compliquées ».

Feuilles givrées, bourgeons brunis
En Alsace, le vignoble a été balayé par une nuit entre -4 et -2 °C. « La zone touchée semble assez large, plutôt dans les secteurs de plaines » rapporte le conseilleur en viticulture Jérôme Attard (Chambre d’Agriculture du Haut-Rhin). Les alentours de Colmar, de Scherwiller ou de Munster seraient ainsi touchés. « Les viticulteurs nous donnent des fourchettes de dégâts élevées, de 60 à 90 %, c’est préoccupant, mais il faut voir si les bourgeons ont été pris en totalité ou seulement à l’extérieur » temporise l’expert viticole.

« Chanceux de ne pas avoir eu de pluie »
Sur le pied de guerre après une petite récolte 2016, le vignoble de Chablis a encaissé des températures mettant à mal ses moyens de défense (aspersion, bougies…). Responsable agrométéo du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, Christine Monamy ne s’aventure pas à la moindre estimation de dégâts, des zones étant au stade deux-trois feuilles étalées, tandis qu’autres présentent encore des bourgeons dans le coton. « À l’échelle la Bourgogne, les deux secteurs les plus touchés sont l’Yonne et le Châtillonnais. En côte d’Or et dans le Mâconnais, il y a aussi des dégâts, mais a priori de moindre ampleur. Comme il n’y a pas eu les pluies de lundi et mardi qui ont touché Chablis » précise-t-elle.

Première alerte
Ayant également échappé à la pluie et ayant bénéficié des vents secs, le vignoble du val de Loire présente un bilan contrasté. « On a un gradient de dégâts dans la Touraine. Plus on va vers l’Est, plus ils semblent importants » rapporte Charlotte Mandroux, la responsable du transfert d’information technique d’InterLoire. Ainsi seuls quelques bourgeons de fonds de vallée seraient touchés à Vouvray, quand les dégâts sont déjà plus importants à Chinon et seraient à leur paroxysme sur le sauvignon blanc d’Amboise. « C’est une sonnette d’alarme, pour se tenir prêts. On croise les doigts pour une amélioration de la météo, alors que l’on s’attend à des pluies et des températures basses la semaine prochaine » espère Charlotte Mandroux

« C’est irréversible pour la récolte »
Dans le Jura, « les dégâts sont encore hétérogènes, entre des parcelles indemnes et d’autres touchées à 100 %. J’aimerais pouvoir encore le dire demain, cela voudrait dire que le plus gros est passé » confie le vigneron Jean-Charles Tissot, le président du Comité Interprofessionnel du Vin du Jura. Il estime que 45 % du vignoble jurassien est touché. « C’est irréversible pour une partie de la récolte. Les premiers bourgeons gelés sont fructifères, on voyait même par endroits des inflorescences. Les seconds feront du bois, mais pas de fruit » annonce-t-il, fataliste, rappelant que les stocks jurassiens sont déjà au plus bas.

À Cognac, quelques zones traditionnellement gélives ont été touchées. Contrairement à l’an passé, les dégâts resteraient limités et circonscrits. Comme ailleurs, la prochaine semaine s’annonce à risques.

Sources : Alexandre Abellan / www.vitisphere.com

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