De 1991 à 2017 – Gel !

Bordeaux lourdement frappé par le gel !
En une nuit, le vignoble bordelais a été touché entre 20 et 100% par le gel selon les secteurs. Le Libournais a été durement frappé, plus de 70% des vignes de Saint-Emilion sont gelées.


Une fumée noire monte du vignoble de Pomerol avec une odeur âcre de pétrole, avant même le levé du jour. Un ballet continu d’hélicoptères pour brasser l’air au-dessus de Saint-Emilion. Des braseros ont été installées en urgence dans le vignoble des Graves, au château de France.

Le gel a figé par surprise une grande partie du vignoble bordelais la nuit dernière. « On s’attendait pour cette nuit à avoir des températures négatives de l’ordre de -1°C mais c’est descendu à -3 et -4°C dans certaines zones », explique Allan Sichel, président de Conseil Interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB).

UN ÉPISODE DE GEL « JAMAIS VU DEPUIS 1991 » DANS LE BORDELAIS
Jeudi matin, les vignerons se sont réveillés avec un goût d’impuissance face à la force implacable du climat. Cet épisode de gel est considéré comme le plus important dans le Bordelais depuis 1991.

Selon les premières estimations, plus de 70% du vignoble de Saint-Emilion et de ses satellites, de Lalande de Pomerol et de Castillon a gelé la nuit dernière, alors que Pomerol a été relativement épargné. Les premiers crus classés comme Angélus et Cheval Blanc ont été sévèrement touchés.

Ailleurs dans le vignoble girondin, le CIVB a établi un premier état des lieux en fin d’après-midi. Pour Allan Sichel, président du CIVB, « C’est un épisode de gel sévère, toutes les zones sont touchées. On a des taux allant de 20% selon certaines propriétés à 90 – 100 % dans les zones les plus exposées, mais il est trop tôt pour une évaluation exhaustive et précise… »

CERTAINS VIGNOBLES DE BORDEAUX TOUCHÉS À 100% PAR LE GEL
Philippe Grandeau, président de la Fédération des Grands vins de Bordeaux, ajoute : « Sur Bordeaux, Bordeaux Supérieur, Blaye, et Bourg c’est plutôt 50% du vignoble qui est affecté ». Lui-même est touché sur ses deux propriétés : « au Château Le Gay (Entre-Deux-Mers), un îlot de 20 hectares a été touché à hauteur de 70%, et pour le Château Lauduc (Bordeaux Supérieur) on estime les pertes à 40% ».

Le gel avait déjà frappé Bordeaux la semaine dernière. Des vignobles comme Lalande-de-Pomerol avaient été touchés à hauteur de 20%. Mais « la particularité de l’épisode de jeudi c’est qu’il a succédé à la pluie, qui a apporté de l’humidité. Et comme il n’y a pas eu de vent, il n’y a pas eu de ventilation, et cette humidité est restée » détaille Franck Jullion, président du syndicat de Blaye-Côtes de Bordeaux.

« Les vignes les plus touchées sont celles qui se trouvent le plus près des bois » explique Mayeul L’Huillier, directeur du syndicat des Graves. « Alors que les vignes a proximité de la Garonne sont plus aérées et donc moins exposées au gel » poursuit-il.

UN NOUVEL ÉPISODE DE GEL ATTENDU
Un nouvel épisode de gel est attendu dans la nuit prochaine et devrait accentuer encore les dégâts potentiels.

« Des domaines ont réservé des hélicoptères pour brasser l’air et éviter de nouvelles gelées », explique-t-on au syndicat des vins de Saint-Emilion. Mais tous les vignerons ne peuvent se permettre d’y avoir recours. « Comptez environ 1500 euros l’hélicoptère pour 10 hectares, c’est trop coûteux pour moi » affirme Joël Duffeau, propriétaire de deux châteaux situés dans l’Entre-Deux-Mers. La seule solution serait l’assurance gel, mais il y a une franchise de 25% donc ça ne fera pas l’affaire ».

Pour connaître l’étendue précise des dégâts, il faudra attendre quelques jours, le temps que chaque appellation recense les informations auprès des producteurs. La tâche n’est pas aisée car les effets du gel sur la vigne ne se voient pas forcément dans les premières heures. Il faut souvent plusieurs jours avant que les feuilles ne brunissent, signe qu’elles ont souffert.

Ailleurs !

10% environ des vignes d’Occitanie détruites par le gel « exceptionnel »
Les gelées « exceptionnelles » de la semaine dernière en Occitanie ont détruit au moins 10% du vignoble mais jusqu’à 30% voire la moitié de certaines appellations, ont indiqué mercredi 26 avril les conseils interprofessionnels de la région.

Les gelées « exceptionnelles » de la semaine dernière en Occitanie ont détruit au moins 10% du vignoble mais jusqu’à 30% voire la moitié de certaines appellations, ont indiqué mercredi les conseils interprofessionnels de la région. »10 à 15% du vignoble a été détruit » en moyenne, a indiqué Michel Defrancès, coprésident de l’Inter-profession des Vins du Sud-Ouest (IVSO). « Mais certaines appellations ont été plus durement touchées, comme le fronton, le gaillac et dans le Lot », terre du cahors, a-t-il ajouté, soulignant que des vignerons ont pu être touchés « à 80% ».

« C’EST EXCEPTIONNEL »
L’IVSO, quatrième vignoble de France en volume de production, regroupe 47.000 hectares et 5.000 vignerons du Sud-Ouest, à l’exception des bordeaux et du Languedoc-Roussillon. « C’est exceptionnel. Depuis 1991 et 1993, on n’avait pas vu ça », rappelle M. Defrancès.

Les gelées ont duré trois nuits d’affilée, du 19 au 21 avril, avec des températures pouvant descendre jusqu’à -5 degrés. »Oui, c’est tout à fait exceptionnel », confirme Jérôme Villaret, directeur du Comité interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL), qui regroupe les AOC du Languedoc et des IGP Sud de France. « C’est très, très rare d’avoir des gelées aussi importantes et généralisées. Il faut remonter à 1998 », estime-t-il de son côté.

CERTAINES APPELLATIONS PLUS IMPACTÉES QUE D’AUTRES
Le responsable confirme l’estimation de la Chambre d’agriculture du Languedoc qui évalue à 20.000 hectares les surfaces détruites, sur un total de 240.000 dans cette région. « Mais certaines appellations ont été plus touchées, comme les corbières, les minervois et le cabardès », dans l’Aude, a-t-il averti, estimant « réaliste » les premières évaluations annonçant 4.000 hectares détruits dans ce seul département. « Ces dommages sont assurables mais peu de vignerons sont assurés car le gel est rare chez nous », rappelle M. Villaret.

Dans le nord de l’Occitanie, l’appellation la plus touchée reste le fronton, dans la région de Toulouse. « Nous sommes durement touchés. Environ 50% des surfaces du vignoble sont affectés », a indiqué Benjamin Piccoli, directeur de la Maison des vins de Fronton, qui regroupe cette AOP de 2.400 ha.

Sources : AFP / Jérôme Baudouin, Mathilde Sainz / www.larvf.com/

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