Mildiou : l’IFV Bordeaux explique, et assume, les ratés du modèle 2015

Avertissements à côté de la plaque, conseils défectueux, plantage exemplaire… Dans le vignoble bordelais, les qualificatifs ne manquent pas pour souligner l’erreur d’appréciation du risque mildiou, tel qu’il était proposé au printemps par EpiCure (l’outil d’aide à la décision de l’Institut Français de la Vigne et du Vin).


Sans minimiser les déboires dûs à l’utilisation du modèle, il ne s’agit pas pour autant d’une bérézina le rendant caduc pour Marc Raynal (responsable des opérations EcoPhyto pour l’IFV Bordeaux-Aquitaine). « Je ne veux pas masquer les défaillances du système, mais pendant 10 ans il a fonctionné. Et aucun utilisateur ne le remettait en cause » relativise-t-il. Il ajoute que, depuis 30 ans, « ces prévisions ne relèvent pas de la science exacte. Notre approche de la modélisation nous fait découvrir en temps réel certains impacts. Surtout sur des itinéraires climatiques aussi particuliers… »

Rétrospectivement, les pluies à l’intensité disparate du début mai et les températures élevées d’avril seraient autant de signaux faibles insuffisamment pris en compte par le modèle. Le risque épidémique aurait été sous-estimé à cause d’un phénomène de contaminations chaotiques, sorte de sursauts fongiques. Ce sont du moins les premières conclusions de l’IFV, comparant les données climatologiques aux résultats mesurés sur le terrain. « Nous avons localisé les endroits à problème et mis en évidence que les attaques avaient une intensité très variable » conclut Marc Raynal.

Récemment présenté dans une commission technique girondine*, le rapport de l’IFV présente des pistes de progression pour une meilleure modélisation du risque mildiou. Si certaines questions scientifiques semblent ardues à résoudre rapidement (que ce soit la variabilité des attaques ou le suivi des germinations de mildiou), d’autres enjeux relèvent que de la simple mise en œuvre. Comme donner un second souffle au réseau des parcelles témoin non traitées, de moins en moins bien réparti. « On en compte 60 en 2015, contre 150 lors du boom du Grenelle environnement » regrette Marc Raynal, qui rappelle inlassablement que pour être efficace « l’approche du risque doit être collective ». L’expert déplore également que l’IFV n’ait pas accès aux données météorologiques historiques de Météo France, « ce qui permettrait de stabiliser le modèle à toutes les échelles ».

Ce souci de la transparence de la part de l’IFV n’est pas à prendre comme un acte de contrition. L’enjeu est en effet de remobiliser et regagner la confiance des utilisateurs, pour ne pas abandonner les efforts de réduction des doses phytosanitaires (alors que les indices de fréquence de traitements s’annoncent déjà importants). Inattendue, la forte sortie de mildiou en mai dernier a surpris, et débordé, de nombreux vignerons des Graves, de l’Entre-deux-Mers et du Libournais. S’en sont généralement sortis sans trop d’encombres, ceux ayant positionné de manière préventive leurs traitements (notamment en bio). Ce constat est validé par le sondage de l’IFV auprès de 270 vignerons d’Aquitaine. 60 % de ces exploitants n’ont pas été touchés par cette première contamination, et ont majoritairement traité contre le mildiou autour du 29 avril.

Pour accéder aux derniers rapports publiés par l’IFV sur le sujet, cliquer ici pour les résultats du sondage auprès des 270 producteurs (dont les commentaires sont on ne peut plus intéressants) et ici pour les premières analyses présentées par l’IFV (avec de nombreuses cartes climatiques et de modélisation du risque).

* : Etaient réunis autour de la table la Chambre d’Agriculture, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, le Service Régional de l’ALimentation…

Source article : www.vitisphere.com

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