Le vignoble bio

Le vignoble bio ralentit sa progression en France
Depuis le pic de 2011, les surfaces viticoles en conversion vers le bio diminuent en France.
Ce qui signifie que les vignes bio continuent de s’étendre, mais moins vite qu’avant. Explications.

« Pour le boom de 2010, 2011, nous avons converti au bio toute une catégorie de viticulteurs qui étaient prêts, analyse Agnès Boisson, de « Bio Bourgogne ». Aujourd’hui, on attaque la deuxième catégorie, des professionnels peut-être un peu plus ‘prudents’ ou pour qui c’est un peu plus compliqué. »

En Bourgogne par exemple, la surface de vignes « en conversion » (1e, 2e et 3e année), était de 1.246 hectares en 2011. En 2014, le chiffre était retombé à 366 hectares. Et ce phénomène s’observe, avec des nuances, dans toutes les régions viticoles de France, avec des explications différentes.

FREINS TECHNIQUES ET ÉCONOMIQUES
Ainsi, en Bourgogne, il conviendrait de « ne pas aller trop vite, de toute façon. Si ça se passe mal, ces personnes ne reviennent pas dans le bio après. Donc il faut plus d’accompagnement », explique Agnès Boisson, coordinatrice du pôle viti du réseau bio de Bourgogne, SEDARB, à Beaune. Là-bas, ce sont d’abord les problématiques techniques (gestion des maladies) du bio qui continuent d’inquiéter.

Mais en Aquitaine, c’est surtout le frein économique qui pèse. « Le marché du vin bio était très favorable en 2007, 2008, au moment du pic. Aujourd’hui, le vin bio en vrac se négocie pratiquement au même tarif que le conventionnel », observe Cécile Gravier, du réseau Bio Gironde. Résultat : le bio « est moins séduisant qu’il ne l’a été ».

PAS DE PHÉNOMÈNE DE DÉCONVERSION
En Alsace, championne du bio avec ses 16% de surface viticole en bio, la conversion des 84% restant dépendront aussi pour beaucoup de la valorisation et « des choix des coopératives », analyse Frédéric Ducastel, animateur technique sur le bio à l’OPABA (agriculture biologique et biodynamique en Alsace).

Malgré tout ça, ces professionnels ne croient pas à l’effet « pallier ». Pour eux, ce ralentissement des conversions est passager ou en tout cas, anodin à long terme. Qu’est-ce qui les rend si confiants ?

Premier élément de réponse : les surfaces cultivées en bio continuent d’augmenter, malgré tout. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas de phénomène de « déconversion ». En 2015, la France totalisait 60.088 hectares de vignes certifiées « bio », soit quatre fois plus qu’en 2008 (14.632 ha).

L’EFFET CASH INVESTIGATION
Dans les agences régionales, certains évoquent aussi l’effet « Cash Investigation ». « Depuis l’émission, on reçoit beaucoup plus d’appels de vignerons qui veulent des renseignements », note-t-on en Aquitaine. « Chez nous, il y a plus de 200.000 hectares de vignes proches des écoles. »

Cette « pression du consommateur riverain » s’ajoute à une levée des « freins psychologiques ou sociaux », analyse l’agent de l’OPABA. « Avant, on a avait un bio dans le village, qui passait pour le fou. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Et ça change tout. » Dans les pays de la Loire, Sébastien Bonduau du CAB 44 (la structure des agriculteurs bio des Pays de la Loire) note aussi que « beaucoup d’installations se font aujourd’hui en bio directement ».

Pas d’inquiétude, donc, pour les professionnels : le bio n’est pas « dans le creux de la vague, mais plutôt sur le haut du plateau », résume Sébastien Bonduau.

Sources : Julie Reux / www.larvf.com

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