Les TCS

Réduire le travail du sol grâce aux TCS
Améliorer la fertilité et la structure du sol, tout en diminuant les labours, tels sont les arguments prônés par les utilisateurs de techniques culturales simplifiées.

Cultiver sans travailler le sol, tel est le principe des techniques culturales simplifiées, ou TCS. « Fini le labour, ce sont les végétaux qui œuvrent », explique François Hirissou, conseiller à la chambre d’agriculture de la Dordogne. Ces pratiques connaissent un regain d’intérêt depuis les années 90, notamment en grandes cultures, et arrivent doucement en viticulture. « Avec la libéralisation du marché agricole mondial il y a une vingtaine d’années, le cours des denrées a chuté, commente Matthieu Archambault, formateur et conseiller en TCS. Certains agriculteurs ont cherché à faire des économies en réduisant le travail du sol. Et ces pionniers se sont rendu compte que la vie du sol était bien meilleure. » Pourtant, les premières expérimentations menées il y a une quarantaine d’années avaient donné mauvaise presse à de telles pratiques. « Cela amenait à des problèmes de salissure importante par les adventices, et créait une forte dépendance aux herbicides », se souvient François Hirissou. Depuis, on a compris que l’arrêt du labour doit être accompagné des deux autres mesures régissant l’agriculture de conservation, à savoir une couverture permanente et une rotation cultures. Dans le cas de la vigne, cette rotation concerne des espèces semées dans l’interrang. « Sans cela, c’est voué à l’échec », assure Matthieu Archambault.

Plusieurs niveaux de mise en œuvre possibles
Arrêter complètement le labour représente à vrai dire une étape ultime dans le processus de simplification. « Il existe en réalité une forte diversité de TCS », indique Stéphane de Tourdonnet, enseignant-chercheur en agronomie à Montpellier SupAgro. Pour lui, cela se traduit par toute technique visant à réduire le nombre de labours, mais aussi la quantité d’énergie déployée (temps ou gasoil) ou encore la profondeur de travail.

On l’aura compris, chacun peut simplifier ses techniques culturales en fonction de ses envies, de ses convictions, mais aussi de ses besoins. « Si la couverture permanente est un idéal, il ne faut pas oublier que c’est la production qui est au centre de l’attention. Passer par un sol nu à un moment donné de l’année est plus pertinent que d’avoir un sol en friche improductif », soutient Matthieu Archambault. De même, un sol tassé peut avoir besoin d’un peu de travail de temps en temps. Autre exemple, l’utilisation du rotavator. « Elle est néfaste à la longue, mais ce n’est pas pour ça qu’il faut se débarrasser de l’outil sur le champ. Il peut être précieux pour détruire un couvert ou préparer un semis », ajoute le consultant.

Le semis direct de plantes annuelles remplace le labour
Se lancer dans la démarche de TCS « ne s’improvise pas », prévient François Hirissou, et demande un minimum de réflexion. « Le viticulteur doit apprendre à lire un profil pédologique, à observer le fonctionnement de ses parcelles », détaille Stéphane de Tourdonnet. Il convient pour cela d’échanger avec d’autres viticulteurs, voire de suivre des formations. En viticulture, la réduction des labours passe par l’implantation de couverts temporaires de plantes annuelles, comme les céréales, la moutarde, la féverole, le radis, le pois ou encore la phacélie. Idéalement deux couverts par an. Un d’hiver, composé majoritairement de légumineuses et semé avant les vendanges. Puis un d’été, plus équilibré et semé au printemps. « Le premier est important, car sur un sol travaillé en automne, la minéralisation ne sert pas à la vigne et entraîne une perte de matière organique et du lessivage », informe Matthieu Archambault. La destruction du couvert d’hiver se fait par le gel, celle du deuxième au rolofaca dès le mois de mai, pour créer un paillis. « En fait, l’homme doit redevenir cultivateur », estime le consultant. Et avant la technique ou le choix des espèces, c’est la maîtrise du semis qui est la question centrale. « Cela passe par ses propres essais, car chaque cas est unique. Par chance, ça ne coûte pas cher de se planter ! », ajoute-t-il. Côté matériel, c’est assez simple, puisqu’il suffit d’un semoir pour semis direct. Ceux à dents sont abordables et faciles à fabriquer, ceux à disques sont plus onéreux.

Le sol, lui aussi, a besoin de temps pour s’adapter. « Lorsque l’on est dans un système de travail du sol intégral, passer directement au non-labour et semis direct est dangereux, juge Stéphane de Tourdonnet. Il faut d’abord accumuler de la matière organique en surface pour recréer le biotope des vers de terre. » Matthieu Archambault conseille de commencer par un état des lieux : quels sont la structure du sol, la fertilité, le type de matière organique ? Puis de ne se lancer qu’un rang sur deux au début, en favorisant les légumineuses, pour équilibrer l’azote. Il est possible d’appliquer le principe des TCS sur n’importe quel type de sol. Mais avis aux détenteurs de terres très lourdes ou très sableuses : ce sera pour vous plus complexe…

Sources : Xavier Delbecque / vigne.reussir.fr

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